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DETENTE


De l'au-delà, Mobutu et N'Zee Kabila donnent leurs opinions sur les concertations nationales!

A quoi faut-il s'attendre avec les Concertations nationales qui commenceront d'ici peu en RD Congo ? C'est pour en savoir plus que le desk « Echos d'outre-tombe » du quotidien « Forum des As » s'est entretenu avec le maréchal Mobutu à partir de sa tombe à Rabat au Maroc, et M'Zee Laurent-Désiré Kabila devant le Palais de la nation à Kinshasa. Au cours d'une interview croisée, les deux anciens chefs d'Etat de la RDC abordent le sujet lié aux Concertations nationales chacun avec son style et sa sensibilité. C'est de la sorte que là où Mobutu se réjouit des négociations pour pacifier les esprits et renforcer la cohésion nationale face à l'ennemi, M'Zee, lui, voit dans ce tableau une manœuvre de diversion des mobutistes pour se retrouver au sein du Gouvernement malgré leur défaite aux élections.

     Maréchal Mobutu, que pensez-vous des Concertations qui vont bientôt se tenir à Kinshasa ?

     Ben, je pense que c'est une très bonne chose pour résoudre la crise politique qui sévit en RDC et donc battre le rappel des troupes en faveur de la cohésion nationale face à l'ennemi. Car, une nation divisée constitue souvent une proie facile pour l'ennemi. Surtout lorsqu'on sait que la crise actuelle tire son origine des dernières élections organisées en 2011 avec énormément d'irrégularités. Les acteurs congolais, surtout les acteurs politiques, doivent se parler pour se réconcilier et constituer un bloc face à la menace de la balkanisation de leur pays. Sinon, rien ne marchera.

     C'est également votre avis M'Zee Laurent-Désiré Kabila ?

     Mais, de quoi parle Mobutu ? Qui doit se réconcilier avec qui ? Je le disais autrefois, ce sont les mobutistes qui doivent se réconcilier avec la population qu'ils ont chosifiée à dessein et dont ils suçaient le sang! Quant à la menace de la balkanisation, la solution, pour moi, passe par la victoire militaire. La RDC a besoin d'une armée forte et surtout dissuasive pour bouter l'ennemi dehors. Croyez-moi, ce ne sont pas les fameuses Concertations qui permettront de résoudre le problème. On oublie souvent qu'il y a eu déjà plusieurs négociations depuis l'époque de Mobutu jusqu'au Dialogue inter congolais tenu en Afrique du Sud. Et ce sont souvent des mobutistes qui les réclament.

     Mobutu : Mais, les Congolais n'ont pas pu militairement gagner la guerre, c'est pourquoi ils doivent se retrouver autour d'une table pour conjuguer leurs efforts. Que M'Zee Kabila ne l'entende pas de cette oreille, cela m'est égal. Mais, il y a une crise politique en RDC qui, je le répète, tire son origine de mauvaises élections organisées dans le pays. Les Concertations sont donc nécessaires.

     M'Zee Kabila : Monsieur Mobutu parle des élections comme s'il y croit vraiment, lui qui a été incapable, pendant 32 ans, de permettre au pays d'avoir de bonnes élections. Justement, il préférait les négociations aux élections afin de partager le pouvoir avec ses hommes tout à fait comme on partage un gâteau. Résultat, ils ont complètement foutu le pays en moule et réduit le peuple à sa plus simple expression. Aujourd'hui, le voilà qui se transforme en donneur des leçons. Surtout lorsque ces Concertations sont aussi l'affaire de la communauté internationale, c'est-à-dire des impérialistes, ce n'est jamais pour développer la RDC, mais pour la maintenir dans l'esclavage.

     M'Zee Kabila, on annonce déjà, avant même la tenue des Concertations, la formation d'un nouveau Gouvernement à la fin des travaux entre l'Opposition, la Société civile et la Majorité ?

     Voilà où se situe le piège des mobutistes! Comment voulez-vous que des gens qui se respectent parlent déjà d'un nouveau Gouvernement, alors que les Concertations n'ont même pas encore commencé ? C'est simplement le partage du gâteau qui les intéresse et rien de plus! Si tel est le cas, que chacun adresse sa demande d'emploi au chef de l'Etat pour entrer au Gouvernement au lieu de perdre de l'énergie, du temps et de l'argent inutilement. Après Sun City, il y a eu un nouveau Gouvernement. Mais, qu'est-ce qui avait réellement changé, sinon le fait d'avoir, pour la toute première fois, une guerre en pleine capitale. En fait, ce qui intéresse les mobutistes, ce n'est pas de développer le pays, mais de jouir seulement. Et ils veulent aujourd'hui distraire Joseph Kabila. Joseph Kabila doit surtout se méfier des mobutistes, car ce sont des opportunistes. A ce titre, ils sont dangereux.

     Quelle est votre opinion sur cette question maréchal ?

     Mon successeur a tendance à confondre les choses. Les mobutistes, ce sont des Congolais au même titre que les autres, des Congolais à part entière. Ce n'est pas parce qu'ils ont habité la RDC sous mon règne qu'ils deviennent des éléments dangereux. En politique, quand il y a une crise, les gens doivent se parler. Or, la crise constitue une épine pour le pouvoir en place qui a besoin de l'Opposition pour se remettre en selle. Mais, quelle est la contrepartie pour l'Opposition qui peut tout aussi refuser les Concertations là où le pouvoir est cloué au pilori ? C'est le partage du pouvoir et cela n'a rien de mobutiste, c'est un principe universel pour pacifier le pays, rassurer le peuple et repartir de bon pied. Voilà tout. Durant son règne, votre M'Zee avait eu des problèmes parce qu'il ne comprenait pas comment fonctionne la politique. Sinon, il serait jusqu'à ce jour au pouvoir.

     M'Zee Kabila : Mobutu confirme vraiment que c'est seulement le pouvoir qui l'intéressait et non le peuple. C'est comme ça qu'un de ses collaborateurs s'est même improvisé chef de l'Etat à son domicile alors qu'il avait perdu à la présidentielle. Il devrait se gêner de parler du pouvoir comme un gâteau. Où est la place du peuple dans tout cela ? Des gens qui ne peuvent pas attendre pendant trois ans pour essayer de se rattraper aux élections de 2016 alors que nous, nous avions attendu pendant trente deux ans avant d'intervenir pour arrêter la récréation et libérer le peuple du joug. Le plus important pour moi, c'est de gagner la guerre, bouter l'ennemi dehors et poursuivre la reconstruction du pays au lieu de suivre la distraction des mobutistes. Si on ne comprend pas cela, on restera dans la merde des mobutistes.

     Si nous passions maintenant au volet militaire, comment peut-on gagner la guerre maréchal ?

     Ce n'est pas du tout sorcier et j'en parle par expérience. Vous savez que sous mon règne, j'ai maintenu l'unité et la stabilité du pays. Avec un peu d'organisation et assez de motivation, on peut, s'il n'y a pas de trahison, facilement arriver à bout de l'ennemi. N'oubliez pas aussi que je vous ai laissé de bons militaires et des officiers bien informés, à vous de savoir les utiliser.

     M'Zee Kabila : De quels militaires parle-t-il encore ? Ceux qui ont détalé devant de petits enfants ? Soyons sérieux! Je pense plutôt qu'il faut mobiliser les troupes et le peuple pour bouter l'ennemi dehors et, s'il le faut, ramener la guerre d'où elle est venue. Il faut, en fin de compte, administrer une bonne leçon aux agresseurs pour qu'ils comprennent une bonne fois pour toutes.

Propos recueillis.    par Marcellin MANDUAKILA


17/08/2013
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Ripoux et compagnie

Au début de ce mois, j'ai vécu à Kinshasa une expérience édifiante sur les rapports entre la police et la population. C'était un samedi, en fin de matinée. À bord d'un petit tout-terrain, tout ce qu'il y a d'ordinaire, prêté par un ami, je me rendais dans une localité située à quelque 150 km de la capitale. Mon chauffeur s'arrête quelques instants sur le boulevard Lumumba, à côté d'autres automobiles. Soudain, un pick-up plein de policiers et un véhicule de remorque s'arrêtent devant nous. Nous sommes vite encerclés. L'une des roues avant du 4×4 est percée à l'aide d'une chaîne cloutée.

Que se passe-t-il ? Les policiers, surexcités, répondent en choeur qu'à cet endroit le stationnement est interdit. D'accord. Mais aucun panneau, aucun marquage au sol ne l'indique. En outre, nous ne sommes pas les seuls à nous être arrêtés. Les agents ne veulent rien entendre : panneau ou pas, l'infraction est consommée. D'ailleurs, panneau ou pas, le chauffeur doit savoir là où il est interdit de stationner. Curieux... Je ne connaissais pas cette version du code de la route. Les policiers intiment au chauffeur l'ordre de montrer ses papiers. Mais l'homme, au lieu de s'exécuter, démarre brusquement. Les policiers se mettent en branle, l'un d'eux s'accroche à l'une des portières du 4×4. Le public jubile : nous voilà en plein film d'action. Inquiet, je demande au chauffeur de revenir au point de départ. Il accepte, tout en refusant d'exhiber ses papiers. Nouvelle discussion. Nouvelles menaces. C'est alors que le conducteur propose quelque chose d'incroyable au chef des policiers : « Si vous voulez voir mes papiers, montez à bord pour que je vous conduise où ils se trouvent. » Bizarrement, l'agent accepte. Le conducteur démarre en trombe, le pick-up des policiers à nos trousses. Le film d'action reprend. Les embardées soumettent mon coeur à rude épreuve.

Le rodéo s'achève dans un petit marché. Un véhicule venant en face empêche mon chauffeur de progresser. Les policiers nous tombent dessus, nous accusant d'avoir enlevé leur chef. Mais ils n'arrivent pas à extraire le chauffeur du véhicule ni à lui prendre les clés. Finalement, à bout de forces, ils me proposent un marché : 50 000 francs congolais en guise de dédommagement « pour le carburant gaspillé ». Mon non est catégorique. La foule entre alors en scène en huant les policiers et en les traitant de voleurs. La bande se retire sans gloire et sur la pointe des pieds. Un racket de moins et un manque d'autorité criant de la part de la force publique.

À Yaoundé ou à Douala, ailleurs encore sur le continent, chacun sait ce qu'il en coûte d'être au volant. Là-bas, les radars sont cachés dans des fourrés, tout comme les policiers, qui ne surgissent que pour signifier un dépassement de vitesse. Mais quel dépassement parce qu'il n'y a pas de panneau ? Pour sortir du traquenard, il faut laisser quelques milliers de francs CFA. Tout comme lorsque les policiers vous affirment que vos chaussures ne sont pas adaptées aux pédales de votre automobile ; que vous avez un double pare-brise parce que vous portez des lunettes. Ou encore que vous n'avez pas d'extincteur ou de boîte à pharmacie ! Bravo, messieurs et mesdames de la police ! Quelle imagination !




17/08/2013
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