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Faut-il une GBU-57 démocratique pour faire tomber la classe politique congolaise ?

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En République démocratique du Congo (RDC), l’immobilisme, la corruption et le mépris du peuple semblent s’être incrustés au cœur même du système politique. Les élites dirigeantes se sont retranchées dans des bastions d’impunité et de privilèges, inaccessibles au regard du citoyen et à toute tentative de réforme. C’est à se demander s’il ne faudrait pas, symboliquement parlant, une bombe perforante de type GBU-57 — capable de transpercer des bunkers de béton armé — pour faire sauter ce verrou politique.

 

Une métaphore explosive, pour une réalité étouffante

 

Évidemment, il ne s’agit pas ici d’un appel à la violence ou à l’usage réel d’armes de guerre. Mais la métaphore s’impose : la GBU-57, bombe américaine conçue pour pulvériser les structures les plus profondément enfouies, représente ce qu’il faudrait inventer sur le plan politique, éthique et citoyen pour briser la forteresse de la classe politique congolaise actuelle.

Car cette classe dirigeante s’est blindée : contre les critiques, contre la redevabilité, contre la pauvreté de la population, contre le bon sens parfois. Ministres à vie, députés dormeurs, nominations sans mérite, détournements sans sanctions… Ce système ne résiste pas à un audit, mais il résiste à tout changement.

 

Le bunker politique congolais

La politique congolaise s’apparente aujourd’hui à un gigantesque bunker où seuls les initiés ont accès aux leviers de pouvoir. Les élections ? Instrumentalisées. La justice ? Souvent politisée. La presse ? Menacée, corrompue ou bâillonnée. Le peuple ? Exclu, exploité, épuisé.

Et pendant ce temps, des ressources naturelles qui pourraient transformer le pays dorment entre les mains de multinationales complices d’élites locales vendues au plus offrant. Des provinces entières vivent dans la terreur et la précarité, pendant que Kinshasa se dispute les miettes du budget national entre voyages inutiles et promesses vides.

Une élite inamovible, au service d’elle-même

Il suffit d’observer la longévité de certains visages pour comprendre que le problème dépasse les partis ou les présidents. Plusieurs ministres, conseillers et hauts fonctionnaires ont traversé les régimes de Mobutu, de Kabila père, de Kabila fils… et aujourd’hui encore, ils sont là, reconvertis, recyclés, repositionnés, mais toujours au cœur de l'appareil d’État.

Des figures aujourd’hui encore au cœur du pouvoir, bien que présentes depuis des décennies dans l’espace politique, incarnent cette continuité : Jean-Pierre Bemba, chef de guerre devenu ministre de la Défense ; Vital Kamerhe, ancien directeur de cabinet de Tshisekedi, ministre et allié politique de longue date ; Modeste Bahati Lukwebo, passé maître dans l’art des alliances stratégiques ; Christophe Mboso N’kodia Pwanga, président sortant de l’Assemblée nationale ; ou encore Léonard She Okitundu, Atundu Liongo et autres figures récurrentes du régime. Ils ne servent aucun idéal : ils servent leur place.

Le résultat ? Une continuité toxique. Le régime change, mais les méthodes, les visages et les pratiques demeurent.

 

Pourquoi le régime de Félix Tshisekedi peine à incarner le changement attendu

 

L’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi en 2019 avait suscité un immense espoir. Pour la première fois depuis l’indépendance, un opposant accédait à la présidence sans passer par la force. Pourtant, plus de cinq ans plus tard, les résultats restent largement en deçà des attentes.

Le régime Tshisekedi est né d’un accord de coulisses avec le clan Kabila. Ce « deal » de coalition FCC–CACH a imposé un partage du pouvoir qui a paralysé l’action gouvernementale pendant deux ans. Même après la rupture de la coalition, le régime n’a pas rompu avec les hommes du passé.

Malgré les discours sur la rupture, la gouvernance reste marquée par le clientélisme. Les institutions sont devenues des lieux de récompense pour les alliés plutôt que des outils de réforme. Le nombre de conseillers à la présidence a explosé. Les changements de gouvernement s’apparentent plus à des rééquilibrages de clans qu’à des choix stratégiques.

Aucune réforme majeure de la justice, de la sécurité, de l’administration publique ou du système électoral n’a été menée à bien. L'Inspection Générale des Finances multiplie les rapports, mais sans véritables suites judiciaires. Ce pouvoir mise trop souvent sur la communication au lieu de l’action.

Peut-être que Félix Tshisekedi est sincère dans sa volonté de réformer, mais il est entouré, infiltré, contrôlé par un appareil d’État corrompu et résilient. Ce système n’a pas été remplacé : il a simplement changé de façade.

 

Ce qu’il nous faut : une GBU-57 de conscience

 

Si l’on devait créer une véritable GBU-57 citoyenne, elle serait faite :

  • De courage politique, pour oser rompre avec les anciens réseaux de pouvoir ;
  • D'une justice indépendante, capable de poursuivre, condamner et dissuader les corrompus ;
  • D’une presse libre, pour crever la carapace du mensonge et de la manipulation ;
  • D’un peuple éveillé, organisé et déterminé à exiger des comptes ;
  • D’une jeunesse formée, consciente et engagée pour un avenir digne.

Ce ne sont ni les armes, ni les sanctions extérieures qui transformeront la RDC. Ce sont des réformes radicales, profondes et citoyennes, portées par des femmes et des hommes qui refusent de s’habituer au chaos.

 

30 juin : indépendance ou illusion ?

 

Alors que le 30 juin 2025 approche — 65 ans après l’indépendance — une question s’impose : sommes-nous réellement libres ? Politiquement, économiquement, moralement ? Peut-on continuer à célébrer une indépendance politique quand le peuple est dépendant de la mendicité internationale, et que les droits fondamentaux sont ignorés ?

Le 30 juin devrait être un moment de bilan, mais surtout un électrochoc collectif. Rupture avec le silence. Rupture avec la peur. Rupture avec la résignation.

 

Et maintenant ?

 

Nous avons tous un rôle à jouer. Il est temps de reconnaître qu’il n’y aura aucun miracle avec les acteurs et les politiques actuels. Malgré nos prières, nous ne nous en sortirons pas sans transformer profondément notre "mindset", sans penser autrement, sans concevoir la politique sous un autre angle. Il est urgent d’adhérer à une vision lucide et ambitieuse d’un Congo orienté vers le développement, la justice sociale et la paix dans toutes ses dimensions.

Les structures en place et ceux qui les occupent aujourd’hui sont structurellement incapables de porter ce changement. C’est pourquoi nous devons sensibiliser notre peuple, mobiliser nos consciences, éveiller nos responsabilités citoyennes. Il faut nous lever pour la vérité, pour la dignité, pour l’avenir. Ce sont des éclats de vérité dans l’épaisseur du mensonge.

Il n’y aura pas de GBU-57 réelle. Mais il peut — il doit — y avoir une déflagration morale, politique et sociale. Une révolution de conscience. Une offensive citoyenne. Un soulèvement pacifique de la vérité contre la pourriture politique.

Elle viendra du peuple, ou elle ne viendra jamais.

 

 

Par Bangudi Papy Dishueme



26/06/2025
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