Toujours plus de réfugiés au Nord-Kivu
Quelque 50.000 réfugiés fuyaient vendredi les camps situés dans des zones sous contrôle rebelle au nord de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Plus près de la ville, des milliers d’autres reprenaient la route en espérant rentrer chez eux à la faveur du cessez-le-feu. L’Europe donne la priorité à la diplomatie pour résoudre le conflit.
Le blog de Médecins sans frontières et de Colette Braeckman.
Priorité à la diplomatie
Les pays de l’UE ont donné vendredi la priorité à la diplomatie pour régler la crise dans l’est de la République démocratique du Congo, sans décider d’envoyer une force militaire européenne comme l’avaient proposé la France et la Belgique, a déclaré un diplomate.
« Nous avons examiné les possibilités d’action européenne dans toutes leurs dimensions, diplomatique, humanitaire ou d’aide à la Monuc (mission des Nations unies en RDC), mais nous n’avons pas arrêté de décision en matière militaire », a déclaré ce diplomate à l’issue d’une réunion des représentants des 27 pays de l’UE au sein du Comité de politique et de sécurité.
« Tout le monde est d’accord pour une action diplomatique accrue », a-t-il souligné, tandis que les chefs des diplomaties française et britannique Bernard Kouchner et David Milliband devaient se rendre vendredi à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu menacée par une offensive des miliciens du général rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda.
Ils gagneront peut-être ensuite Kigali, où dès samedi matin le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht, doit être reçu par le président Paul Kagame.
MM. Kouchner et De Gucht s’étaient prononcés en début de semaine en faveur de l’envoi de soldats européens en soutien à la Monuc, seule à faire face à l’offensive rebelle qui a provoqué un nouvel exode de dizaines de milliers de civils paniqués. Mais cette idée a été accueillie avec scepticisme par l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, dont le pays exerce la présidence tournante de l’Union européenne ce semestre, devait partir pour la RDC vendredi avec son homologue britannique David Milliband afin de rencontrer des responsables et d’évaluer la situation humanitaire et sécuritaire.
Les deux hommes, peut-être accompagnés par le chef de la politique extérieure de l’UE Javier Solana, devraient s’arrêter à Kinshasa et à Goma, dans un ordre encore indéterminé. Ils doivent aussi se rendre au Rwanda voisin à Kigali. Les représentants de l’ONU en Afrique et en RDC, Jendayi Frazer et Alan Doss, sont arrivés à Goma pour s’entretenir avec des responsables gouvernementaux et locaux.
Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a déclaré vendredi que selon ses informations, 50.000 réfugiés ont fui des camps situés dans la zone désormais sous contrôle rebelle près de la ville de Rutshuru, à environ 85km au nord de Goma. D’après des travailleurs humanitaires sur place, les camps de réfugiés dans ce secteur ont été brûlés et pillés. Mercredi, environ 45.000 réfugiés avaient fui le camp de Kibati, au nord de Goma, devant l’avance des forces rebelles.
Plus près de Goma, des milliers de réfugiés ont repris les routes vendredi, profitant du cessez-le-feu décrété mardi soir par le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) pour tenter de rentrer chez eux, à l’arrière des lignes de front.
Les journalistes de l’Associated Press ont pu suivre un flot de réfugiés aux abords de Goma, principalement des femmes au visage envahi de sueur, transportant leurs biens sur leur dos et serrant leurs jeunes enfants contre elles. Les civils terrifiés par les combats cherchent à trouver des lieux sûrs et à rester en famille.
Les hommes de Laurent Nkunda tenaient vendredi plusieurs points de contrôle à l’extérieur de la ville de Goma.
Rhema Harerimana a expliqué qu’elle avait fui depuis cinq jours -en direction de Goma et de ses alentours- avant de décider de rentrer chez elle. Vendredi, elle se dirigeait vers sa maison, à Kibumba, à environ 28 kilomètres de Goma. « Nous n’avons rien eu à manger pendant trois jours », a-t-elle déclaré. « Il n’y a pas d’abri, il n’y a pas de nourriture. Je n’ai pas d’autre choix que de rentrer à la maison. » A Kibumba, des soldats ont pillé les maisons et les banques, a affirmé le chef du village Gatambaza Kariwabo.
Cessez-le-feu
Le cessez-le-feu décrété par Laurent Nkunda, qui a déclaré vouloir permettre à l’aide humanitaire d’arriver et aux réfugiés de rentrer chez eux, semblait tenir vendredi matin.
Vendredi, une équipe de l’ONG International Medical Corps qui essayait de rejoindre une clinique à Kibumba a été stoppée par un soldat dans l’attente d’un hypothétique laissez-passer.
A quelques centaines de mètres de l’entrée de Kibumba, un campement des forces de maintien de la paix de la Mission des Nations unies en RDC (MONUC) était abandonné, alors qu’il était occupé par des troupes indiennes quelques jours auparavant. La route menant a Kibumba était bloquée par un groupe de rebelles dont le commandant a déclaré que les journalistes devaient attendre une autorisation pour prendre des photos.
« Nous exhortons le Conseil de sécurité des Nations unies à envoyer immédiatement une aide aux troupes de l’ONU sous forme de renforts, d’appui aérien et d’équipements », a réagi vendredi Tawanda Hondora, directeur adjoint du programme Afrique d’Amnesty International, estimant que « la catastrophe est imminente ».
Depuis le regain d’affrontements au Nord-Kivu fin 2006, les agences humanitaires estiment le nombre de déplacés internes à près d’un million dans la province. (ap, belga
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